Un brevet de Nintendo et The Pokémon Company : la fin d’une ère pour la compétition Pokémon ?
En septembre dernier, l’Office américain des brevets et des marques (USPTO) a accordé à Nintendo ainsi qu’à The Pokémon Company un brevet qui pourrait bouleverser la dynamique concurrentielle du secteur vidéoludique, notamment autour de la franchise Pokémon. Ouvrant la voie à une maîtrise technique renforcée, ce document semble marquer une étape importante dans la stratégie de protection des mécaniques de gameplay, surtout celles liées à l’invocation de créatures. Si certains observateurs y voient une tentative de verrouillage, d’autres y perçoivent une évolution légitime dans la protection des innovations technologiques. La question de savoir si cette démarche signera la fin de la compétition ou simplement une nouvelle phase de l’innovation reste ouverte. Ce contexte s’ajoute à la pression croissante exercée par des concurrents comme Yu-Gi-Oh!, Digimon ou même Genshin Impact, qui bousculent régulièrement l’univers Pokémon, tant en termes de gameplay que de popularité.
Les nuances d’un brevet technique : entre innovation et verrouillage
Ce qui suscite la controverse, c’est le contenu précis du brevet. Contrairement à ce que certains pourraient penser, Nintendo n’a pas simplement breveté l’idée ancienne d’invoquer des créatures pour lutter en combat. La réalité est plus technique : le document couvre une logique spécifique utilisée dans Pokémon Écarlate et Violet, baptisée « Let’s Go ». Ce procédé automatique permet au jeu d’interpréter le contexte pour déterminer si un Pokémon doit se déplacer ou engager un combat. En somme, l’innovation porte sur une logique de décision automatique, ressemblant davantage à une mécanique militaire comme celle de StarCraft que sur la simple invocation de monstres. Cette subtilité technique limite la portée du brevet, laissant de nombreux développeurs libres d’explorer d’autres systèmes de combat, que ce soit dans un style plus classique ou dans des mécaniques totalement différentes.
| Caractéristiques | Description |
|---|---|
| Brevet concerné | Logique de décision automatique dans le gameplay |
| Innovation protégée | Utilisation d’un système semi-autonome pour les interactions |
| Portée du brevet | Limitée aux mécaniques spécifiques, pas aux concepts généraux d’invocation |
Les jeux comme Yu-Gi-Oh! et même Magic: The Gathering ont souvent exploité des mécaniques de décision ou d’interaction qui, bien que différentes, illustrent la diversité du domaine. La véritable question demeure : jusqu’où peut-on protéger une mécanique de gameplay ?
Une stratégie pour éliminer la concurrence : le contexte de la bataille juridique
Le dépôt de ce brevet s’inscrit dans une série d’actions stratégiques visant à conforter la domination de Nintendo et The Pokémon Company, notamment face à la montée en puissance de studios comme ceux derrière Genshin Impact ou Palworld. Le succès initial de Palworld, surnommé « Pokémon avec des armes », n’est pas passé inaperçu. Face à cette menace, ces géants japonais ont lancé une offensive juridique, poursuivant en justice le studio Pocketpair en raison de réutilisations présumées d’assets Pokémon. La temporalité du dépôt en mars 2023, plusieurs mois avant la sortie de Palworld, confirme une volonté de couper l’herbe sous le pied des concurrents. Ce mouvement ne concerne pas uniquement Pokémon, mais s’inscrit dans une stratégie globale pour préserver la suprématie face aux évolutions du marché vidéoludique. Le dépôt de brevets, dans ce contexte, devient une arme redoutable, comme l’avait déjà montré Warner Bros avec son système Nemesis dans Middle-earth : Shadow of Mordor, verrouillé jusqu’en 2036.
| Entreprise concernée | Action spécialisée |
|---|---|
| Warner Bros | Brevet du système Nemesis |
| Nintendo / Pokémon | Brevet sur la logique semi-autonome dans Pokémon |
| Gros concurrents | Création d’assets comparables ou semblables |
Les implications pour la liberté créative et la diversité du marché
Ce type de brevet soulève de nombreuses interrogations quant à l’avenir de la créativité dans le jeu vidéo. La possibilité pour Nintendo et The Pokémon Company de verrouiller des mécaniques clés limite non seulement la concurrence, mais aussi l’innovation. Lorsqu’un système aussi précis est protégé, les studios souhaitant développer de nouvelles méthodes doivent naviguer dans un labyrinthe juridique complexe. Les règles du jeu s’assimilent alors à celles d’un marché où les géants détiennent quasi-exclusivement la capacité d’expérimenter, au détriment d’idées plus audacieuses issues d’éditeurs plus modestes. La peur de poursuites dissuade aussi le développement de mécaniques plus originales, comme celles de Digimon ou du récent Genshin Impact. Néanmoins, la rivalité entre ces grands noms et Pokémon reflète la tension toujours présente entre innovation ludique et protection de propriété intellectuelle, question cruciale pour l’avenir du secteur.
Questions fréquentes
- Ce brevet empêchera-t-il tous les jeux utilisant une mécanique d’invocation ? Non, car sa portée concerne une logique précise. Les développeurs peuvent toujours proposer d’autres systèmes contrôlés manuellement ou avec une logique différente.
- Quel impact pour la diversité des jeux Pokémon et autres licences ? La protection étendue pourrait limiter la création de mécaniques innovantes, mais la concurrence entre franchises comme Yu-Gi-Oh! ou Digimon continue à stimuler de nouvelles idées.
- Ce genre de brevet pourrait-il freiner l’émergence de nouvelles licences ? Oui, surtout si de grands acteurs déposent des brevets similaires, rendant leur utilisation problématique pour les studios indépendants ou innovants.
- Les autres géants du secteur comme Bandai ou Wizards of the Coast déposent-ils des brevets similaires ? La stratégie de brevetage est courante dans le secteur, mais la neutralité ou la légitimité de telles protections demeure souvent sujette à débat.